Quand la danse guérit

 

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  Quand la danse guérit 

- Entre chamanisme et psychanalyse -

Compte-rendu de lecture du livre de France Schott-Billmann[1]

Par Jean-Daniel Rohart

 

Quand la danse guérit, l’expression est de France Schott-Billmann, c’est aussi le titre d’un de ses livres. France Schott-Billmann est psychanalyste et enseigne l’art-thérapie, à l’Université Paris V. Dans sa pratique et sa réflexion, elle recourt, sans exclusive aucune, à Freud, à Jung et à Lacan. Je voudrais vous recommander la lecture de deux de ses livres :

. Le besoin de danser, paru en 2000, aux éditions Odile Jacob.

. Le Féminin et l’Amour de l’autre,  paru aux mêmes éditions Odile Jacob, en 2006.

J’ai personnellement lu, par le plus grand des hasards, Le besoin de danser en même temps que La joie sans objet, de Jean Klein[2]. Je sais qu’il faut se méfier des rapprochements hâtifs, mais il m’est apparu qu’un certain lien existait entre ces deux ouvrages et leurs objectifs respectifs. Juste deux brèves citations en guise d’explication. Une de Jean Klein, d’abord :

« Il ne faut pas que la réponse vous soit donnée ici, mais qu’elle vous parvienne plus tard. (…) Il n’est pas question ici d’expliquer ou de démontrer, mais de préparer à une expérience. Cette expérience inexprimable a lieu quand on atteint les limites du langage ».

 

Cette citation point les limites de l’intellectualisme ambiant, les limites de la parole, la parole écrite ou la parole proférée oralement. La danse, la danse dont nous entretient France à l’aide de mots, faute de mieux, la danse est peut-être une des manières de contourner la difficulté qu’il y a à vouloir exprimer l’indicible ou à « orienter vers l’indéterminable et l’inexprimable », pour citer de nouveau Jean Klein, lequel évoque aussi souvent la dimension de l’impersonnel[3] :

« Il sera bon à un certain moment d’abandonner et de chambarder même le raisonnement que vous avez pris l’habitude d’utiliser, afin de garder une certaine plasticité. (Une plasticité) qui lui évitera toute fixation. (…) Si vous arrivez de nouveau à l’Expérience qui est toujours actuelle et n’est jamais une répétition, vous parviendrez à vous établir dans un état impersonnel ».

 

Écoutez maintenant ce que nous dit, dans son livre sur la danse, France Schott-Billmann :

« La danse postmoderne populaire (est) soumise à la musique (…) Au-delà de l’expression de la corporalité singulière, elle articule le danseur à des formes premières qui transcendent l’individu : formes impersonnelles et non déterminées par l’histoire… ».

 

Le regain d’actualité de cette forme populaire de danse est peut-être à analyser en partie comme le retour de formes premières (des archétypes en terme jungien). C’est un regain qui trouve tout son sens dans le contexte postmoderne : fin relative d’un certain intellectualisme, retour du féminin, retour du dionysiaque et retour aussi d’une certaine forme de spiritualité vivante, une forme de transcendance immanente. Entre chamanisme et psychanalyse, la danse-thérapie retrouve naturellement la dimension du corps, elle semble être à la croisée de plusieurs démarches et peut être une des voies permettant de relier et d’articuler le corps, l’Âme (la Psyché) et l’Esprit. Une manière de sortir de la dualité (J. Klein) et d’une anthropologie binaire Corps-Âme (Psyché), la danse est une des voies d’éveil à cette nouvelle anthropologie. Merci à France de nous éclairer, intellectuellement, sur la danse et de nous donner peut-être envie de danser, de retrouver l’esprit de la danse, car comme écrivait Friedrich Nietzsche qu’elle cite, au début de l’introduction à son livre : « Ce n’est qu’en dansant que je sais lire le symbole des plus hautes choses ».

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[1] France Schott-Billmann, Quand la danse guérit. Approche anthropologique de la fonction thérapeutique de la danse, Éditions Odile Jacob.

[2] Jean Klein, La joie sans objet. L’ultime réalité,  Sois ce que tu es. Suivi d’Entretiens inédits, Almora Poche.

[3] Jean Klein, Op. cit., pp.60-61.

 


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