L’angoisse
et le stress à l’ École
Quel "soin" y apporter
?
(L’humour, la lucidité, le
calme, la confiance. La dimension de l’Âme)
« A la limite,
les élèves ont pris l’habitude d’être complètement stressés en classe…».
Chrystel, élève de terminale
« Il s’agit de
permettre aux enseignants de vivre le face à face pédagogique
comme une aventure
existentielle (…) Il s’agit de retrouver dans la situation
scolaire tout ce qui
lui donne sens[1] ».
Pierre DUCROS
« Le
pointillisme et l’obsession qui régissent l’Ecole exhibent sans nul doute un
profond souci du bien, mais
plus encore une inquiétude viscérale
de toujours manquer le but
».
Michel BOUILLE[2]
« L’histoire de
l’âme néglige souvent complètement quelques-uns ou plusieurs
de ces évènements
(famille, école, travail, etc.) et invente spontanément
des fictions ou
des “paysages
intérieurs” dépourvus de
corrélation majeure avec le dehors ».
James HILLMAN
INTRODUCTION
J’ai choisi de traiter le thème de l’angoisse, parce
que, en tant que professeur (trente années d’enseignement), je suis le témoin
de l’installation, voire de la prolifération de l’angoisse[3],
sentiment d’angoisse qui gagne peu à peu tous les acteurs de la relation
éducative : parents d’élèves, élèves, professeurs, chefs d’établissements,
et inspecteurs peut-être ?
Il existe une pathologie des institutions[4]
et à l’Ecole, en l’occurrence, nous assistons à une contagion de l’angoisse,
l’angoisse des uns alimentant celle des autres, en une chaîne perverse et ininterrompue et qu’accompagnent des
discours défaitistes, amères et culpabilisateurs : le discours éculé et
monomaniaque de la « crise ».
Cette situation nuit à l’enseignement, à la
transmission du savoir, en même temps qu’elle a des effets délétères sur la
santé mentale, l’équilibre et la joie de vivre de tous les acteurs de la
relation éducative. Les spécialistes de l’étude scientifique du vécu intérieur
des enseignants[5] nous ont
habitué à l’idée qu’il est désormais dangereux d’enseigner.
Comment remédier à la situation d’angoisse ou
l’empêcher de s’étendre ?
Quels “soins” y apporter ? A qui revient-il de
mettre sur pied une politique de soin, sur les plans à la fois préventif,
curatif et prospectif. Quels sont les acteurs privilégiés, naturels, de cette
politique ?
La notion de soin n’est-elle pas, par ailleurs, un
peu ambiguë ? Qui dit soin, dit maladie ! Gardons-nous d’une
médicalisation de la société, ainsi que d’une psychologisation excessive des
problèmes éducatifs. L’archétype, au sens que donne C.G. JUNG à ce mot, se rit
de la morale, des soins et de la médecine. James HILLMAN parle, quant à lui, de
l’infermitas constitutive et « naturelle » de l’archétype.
J’ai choisi d’évoquer ici l’apport spécifique d’un
des acteurs de la relation éducative : les professeurs, car, je le répète,
je suis moi-même professeur, mais l’action “curative” et prophylactique des
enseignants ne saurait suffire à elle seule. Il faudrait qu’elle entre dans une
relation de complémentarité avec d’autres initiatives tant individuelle
qu’institutionnelle. Et surtout, il faudrait que tous les acteurs de la
relation éducative retrouvent la dimension de l’âme, redonnent ses droits à
l’imaginal[6],
à la « fiction » trop souvent oubliée, au profit du simple récit
linéaire des évènements : la famille, l’école, le travail, au profit de la
dimension idéologique et morale (dans un sens prescriptif, normatif et
« policier »). Il faudrait en finir avec la culture de la plainte et
du ressentiment[7] et s’ouvrir
au vivant, sur les pas des philosophes[8]
et des sages chinois, par exemple ou des « prophètes[9] »
occidentaux annonçant la Postmodernité et oeuvrant à la naissance d’un
paradigme anthropologique nouveau, en rupture avec la Modernité “critiquée” par
Michel FOUCAULT.
TABLE DES MATIERES
Introduction
1 - L’angoisse et le stress
dans le monde du travail : dans l’entreprise, etc.
2 - Les causes de l’angoisse
et du stress
a - Le chômage, la précarité, la
situation économique
b - La perte d’espérance en
l’avenir
c - L’écroulement des idéologies
d - La perte de “valeurs” et de
normes
3 - L’angoisse à l’Ecole
a - Les parents d’élèves et
l’angoisse : des parents de plus en plus angoissés
et procéduriers
b - Les chefs d’établissements et
l’angoisse
c - Les élèves et
l’angoisse
d - Les professeurs et
l’angoisse
e - Groupe-classe et angoisse de
morcellement
f - La peur du changement, de la
liberté et de l’inventivité
4 - Une éthique de
l’authenticité ?
5 - Quel remède, quel « soin » apporter à la
situation ?
a - La formation des enseignants : une formation
centrée sur la personne de l’enseignant
b - Les qualités qu’il serait souhaitable de développer chez
les futurs enseignants
c - L’attitude “rogérienne”, “jungienne” et “salésienne” en
classe
d - L’indispensable formation de
la hiérarchie
e - Les rythmes scolaires et
les rythmes « naturels » et vitaux
6 - Limite d’une politique de
soin. Ambiguïté de cette notion. Vers une
éducation post-moderne ?
a - L’enseignement : un
scénario archétypique particulier
b - L’angoisse : son caractère
positif
Annexe
___________________________________
Jean-Daniel ROHART
51100 Reims
jeandanielrohart@hotmail.com
|